11

 

Anéa contemplait l’océan, dont les vagues bouillonnantes venaient s’écraser sur les rochers noirs, en contrebas de la falaise. Depuis le matin, elle était inexplicablement nerveuse. À quelques pas derrière elle, Astyan l’observait sans mot dire. En direction du sud s’étirait une barre de lourds nuages sombres. Il crut un moment que le cyclone qui progressait vers Avallon agissait sur elle ; mais, depuis près de six millénaires à présent, Poséidonia avait affronté des tempêtes autrement plus impressionnantes que celle qui s’annonçait.

Sondant délicatement l’esprit de sa compagne, il comprit que le malaise était beaucoup plus insidieux. Il s’étonna : lui-même ne ressentait rien de précis, et pourtant, à travers les schèmes mentaux d’Anéa, il discerna un flux étrange, comme l’écho de présences hostiles qu’il ne parvenait pas à définir. Seule la formidable intuition féminine de sa compagne lui avait permis de percevoir leurs ondes maléfiques. Elles ne reposaient pourtant sur rien de précis. C’était plutôt comme une brume inconstante, qui semblait parfois lointaine, parfois si proche qu’elle pénétrait jusqu’à l’âme.

Au-delà du promontoire sauvage qui gardait l’entrée de la baie, des myriades de cormorans et de pétrels migrateurs tournoyaient dans les airs. Leurs cris perçants déchiraient le grondement incessant des flots rageurs. Une nuée de goélands jaillit de derrière la falaise, plana un instant au-dessus d’eux, puis replongea vers l’abîme dans un frémissement d’ailes. Un soleil resplendissant éclaboussait les énormes déferlantes frangées d’écume qui explosaient sur les récifs défendant le pied de la paroi rocheuse.

De tout temps, les oiseaux avaient occupé les flancs de cette muraille de granit torturée par l’érosion, construisant leurs nids dans ses anfractuosités. Cette falaise était leur royaume. Astyan et Anéa aimaient venir se promener sur le sentier étroit qui la longeait, bordant une lande aride balayée par des vents chargés de senteurs marines. Au fil de leurs soixante siècles d’existence, ils l’avaient vu se modifier, se sculpter sous l’action lente et inexorable de l’océan. Depuis l’époque oubliée où ils avaient fondé la cité de Poséidonia, elle avait reculé de plusieurs coudées[3]. Pourtant, les oiseaux semblaient être toujours les mêmes. Sans doute possédaient-ils eux aussi le pouvoir de se réincarner.

À cet endroit s’établissait la frontière entre le domaine protégé de l’homme et l’univers sauvage et indomptable de la nature. S’il avait su asservir quelques parcelles de cette terre que lui avaient offerte les dieux, la plus grande partie lui en demeurait inaccessible. Il ne pouvait qu’en admirer les beautés sans cesse renouvelées – et les respecter, car c’est d’elles qu’il tirait toutes ses richesses : l’océan regorgeant de poissons, les forêts intérieures où pullulait le gibier, le sous-sol où abondaient les pierres précieuses et les métaux.

Astyan s’approcha de sa compagne et la prit par les épaules. Elle se retourna et lui adressa un regard où brillait tout l’amour du monde.

— Sans doute suis-je stupide, dit-elle.

Il déposa un baiser tendre sur ses lèvres.

— Je ne crois pas. Tes pressentiments se sont toujours vérifiés par le passé. La dernière fois c’était il y a six siècles, lorsqu’un raz de marée a détruit la partie basse de la cité. Ta prédiction nous a permis de sauver presque tout le monde. Que redoutes-tu cette fois ?

Il regarda l’horizon assombri. Elle secoua la tête.

— Non, ce n’est pas cela. Cette tempête sera violente, mais nous n’avons rien à craindre d’elle.

Elle se tut, puis ajouta :

— C’est juste une impression… comme une force obscure qui évolue hors de notre compréhension. Cela ne repose sur rien de tangible.

— Peut-être est-ce une nouvelle épreuve que nous envoient les dieux…

— Ils n’ont aucune raison de nous vouloir du mal. Et puis, même si nous avons vécu des dizaines de vies dans autant de corps différents, ils demeurent nos parents spirituels. Et nous ne pourrions vouloir le malheur de nos enfants, n’est-ce pas ?

— Les aurions-nous mécontentés sans le vouloir ?

— Non ! D’ailleurs, les dieux ont quitté la planète depuis longtemps. Tu sais bien que nous devinerions leur présence, même s’ils souhaitaient nous la cacher. Rappelle-toi leur dernière visite il y a quatre siècles.

Astyan n’avait rien oublié. Tous les mille ans, les Entités venues d’ailleurs se manifestaient. Alors réapparaissait l’île mystérieuse de Xhadan, où se réunissaient les divinités et les Titans. Les dieux avaient toujours confirmé leur alliance avec leurs enfants et l’Empire atlante s’était développé dans l’harmonie et l’amour, comme ils l’avaient souhaité à l’origine.

Des larmes perlèrent dans les yeux d’émeraude de la jeune femme.

— Un rêve étrange m’a visité la nuit dernière. En lui dominait l’image d’un serpent gigantesque. Et ce que je ressens est terrible, Astyan ! Cette puissance inconnue nous hait, nous rejette. Elle désire notre anéantissement total !

— Notre anéantissement ? C’est impossible ! Notre pouvoir de résurrection nous rend immortels. Nous sommes invincibles et invulnérables.

— Jusqu’à présent, nous l’avons été. Mais si ce… ce serpent possédait la puissance suffisante pour nous interdire la réincarnation…

— Calme-toi ! Ce n’était qu’un cauchemar.

— Non ! C’était un avertissement. Il se passe actuellement quelque chose que nous ne comprenons pas.

Elle glissa ses mains dans les siennes, comme pour quêter une protection.

— J’aime tellement ce pays, Astyan. Je ne voudrais pas que des forces maléfiques le détruisent.

— Mais qui voudrait, et pourrait, le détruire ? Nos pères nous ont donné des pouvoirs fabuleux, grâce auxquels nous avons toujours su dominer les grandes catastrophes naturelles. Pourquoi cela devrait-il changer ?

— Je l’ignore. Mais j’ai… j’ai peur, Astyan.

Il la contempla, stupéfait, puis la serra contre lui. La peur était un sentiment inconnu des Titans.

— Détends-toi, petite, murmura-t-il. Si une force malfaisante nous menaçait, les dieux nous apporteraient leur secours.

— Ils ne reviendront pas avant six siècles. Et puis, n’oublie pas qu’il existe une puissance supérieure à celle des dieux : le Destin.

Astyan soupira. Sans doute ce cauchemar l’avait-il trop impressionnée. Hormis le cyclone qui se préparait pour l’après-midi, tout était calme. Les récoltes de l’année s’annonçaient abondantes ; aucune épidémie n’avait touché les troupeaux depuis des siècles ; le commerce était florissant, les industries prospères. Les peuples atlantes vivaient dans la paix et l’harmonie depuis bien longtemps. À part les cataclysmes naturels, que pouvaient-ils craindre ? Mentalement, il sonda la falaise, les terres d’Avallon, jusqu’aux limites de sa perception ; mais nul séisme ne les menaçait. Jamais l’Héphaïs, le volcan aux cendres fertiles, n’avait été aussi calme. Les Titans avaient enseigné aux hommes à dompter ses fureurs, et à utiliser sa puissance phénoménale pour fournir la ville en énergie.

 

Anéa sourit à travers ses larmes et l’enlaça. Elle avait suivi le cheminement de ses pensées.

— Tu as raison, ce n’était qu’un rêve stupide. Oublions cela. Je dois être un peu fatiguée.

Elle l’embrassa avec tendresse. Il lui caressa le visage et ajouta :

— Il y a peut-être une autre explication.

Celle-ci passa dans l’esprit d’Anéa à l’instant même où elle s’épanouissait dans celui d’Astyan. C’était l’image d’une jeune femme qui ressemblait trait pour trait à sa compagne : Ashertari, sa sœur jumelle, un double accidentel qui avait partagé sa résurrection une trentaine d’années auparavant.

— Cela fera bientôt dix ans qu’elle a quitté Poséidonia, dit Anéa d’une voix triste. Sans jamais donner de nouvelles depuis.

Elle haussa les épaules.

— Je n’ai plus guère d’espoir. J’ai tenté si souvent d’entrer en contact mental avec elle. Mais… c’est comme si elle avait érigé une muraille infranchissable entre elle et moi. Je ne peux pas savoir où elle est, ni même si elle est encore en vie.

— Et au bout de dix ans, tu penses encore à elle. Elle a pourtant essayé de te trahir…

Anéa sourit avec indulgence.

— Parce qu’elle a tenté de te séduire en profitant de notre ressemblance ? Elle n’avait pas vingt ans. C’était encore une gamine.

— Une gamine jalouse et orgueilleuse.

— Ne sois pas dur avec elle... Sa position n’était guère enviable, et elle en souffrait. Être la sœur jumelle d’une femme que tout un peuple considère comme une déesse, sans posséder les mêmes pouvoirs, ce doit être difficile à supporter.

— Mais il était hors de question de l’accepter dans ma couche. Même avec ton accord, j’aurais refusé, insista-t-il.

— Tu ne l’as jamais aimée, reprocha-t-elle.

— C’est faux. J’étais prêt à l’aimer. Mais il y a toujours eu chez elle quelque chose d’inquiétant et de malsain.

— Tu vas encore dire qu’elle nous haïssait…

— Tu le sais aussi bien que moi. Et tu as toujours refusé de voir la vérité en face.

— C’était ma sœur.

— Sa naissance était un accident de la nature. Il n’y avait jamais eu de cas de gémellité chez les Titans jusqu’à présent.

— Nos parents mortels nous ont donné d’autres frères et sœurs.

— Justement ! Elle n’était qu’une parente, tout au plus. Comme tous ces enfants que nous avons engendrés, au cours de nos différentes existences, et qui n’ont jamais hérité de nos dons particuliers.

Il eut un sourire amusé.

— Si l’on tient compte de tous les mélanges qui se sont produits au fil des millénaires, je suis sûr que plus de la moitié des habitants de Poséidonia possèdent un peu de notre sang dans leurs veines.

Une bouffée de chaleur envahit le cœur d’Anéa.

— C’est vrai. Ils sont tous nos enfants.

Les yeux brillants, elle l’embrassa à nouveau et lui prit la main.

— Il faut que j’oublie tout ça. La tristesse ne sied pas à une Titanide. Les nôtres croiraient qu’un malheur va s’abattre sur nous d’un instant à l’autre. Viens !

Ils rejoignirent leurs montures qui les attendaient non loin de là.

 

Sur le chemin du retour, ils passèrent par la plaine où se dressait la Kaïrnâ. C’était un monument étrange qu’ils connaissaient bien, en forme de pyramide à quatre pans. Elle avait été érigée à leur intention près de six mille ans auparavant ; depuis, aucun séisme n’avait pu en venir à bout. Le peuple et les prêtres l’entretenaient avec dévotion.

Construite sur une élévation artificielle, la Kaïrnâ dominait les lieux de sa masse imposante et énigmatique. Haute de plus de cent cinquante coudées, elle était constituée d’énormes blocs de marbre blanc veiné de vert, si parfaitement ajustés qu’il était difficile de déceler les lignes de jointure. On les avait amenés autrefois d’une carrière de l’intérieur des terres par voie fluviale. Cependant, parce qu’elle était le plus ancien monument du royaume, la légende affirmait qu’elle avait surgi par magie de la terre lors de la création du monde par les Titans. Symbole du cycle de la vie, de la mort et de la résurrection des demi-dieux, elle était aussi immuable que la succession du jour et de la nuit, ou le rythme des saisons. Nombre de citadins affirmaient qu’elle possédait des pouvoirs mystérieux.

Sur la face ouest, un escalier permettait d’accéder à la plate-forme située au sommet. Sur la face opposée s’ouvrait, à mi-hauteur, une lourde porte de pierre décorée qui menait au cœur de l’édifice, occupé par une chambre mortuaire à la fonction singulière. L’ouverture de cette crypte était située dans l’axe précis de l’endroit où le soleil se levait lors du solstice d’hiver – une date sacrée que les Atlantes considéraient comme le début de la nouvelle année.

Il existait un équivalent de cette Kaïrnâ dans tous les royaumes atlantes. C’était là que l’on conservait les corps des Titans lorsqu’ils devaient quitter la vie. Car, si leurs ascendants divins leur avaient enseigné à maîtriser le phénomène de la mort, ils la subissaient néanmoins. Ceci avait donné lieu à un rite immuable, qui remontait aux origines de l’Atlantide.

Leur espérance de vie atteignait souvent les cent cinquante à deux cents ans, soit presque trois fois plus que celle des simples humains. Lorsqu’ils sentaient que leurs corps dépérissaient, Astyan et Anéa sélectionnaient deux jeunes couples, qui devaient leur redonner vie. Puis ils déterminaient ensemble le moment de leur mort, et se rendaient, seuls, au sommet de la Kaïrnâ. Là, par concentration mentale, ils arrêtaient leurs fonctions vitales.

Neuf jours plus tard, les prêtres savaient qu’ils retrouveraient les corps sans vie des Titans. On organisait alors une longue procession pour recueillir les dépouilles inertes, que l’on enveloppait de bandelettes imprégnées de myrrhe, une substance qui conservait le corps en parfait état. Puis on les installait dans deux sarcophages installés au cœur même de la pyramide, dans la chambre mortuaire.

Une grande période de deuil commençait alors pour les Atlantes. On savait que les Titans allaient demeurer absents pendant quelques années, et chacun avait la sensation de se retrouver orphelin. Mais il ne s’agissait que d’une absence passagère. Les demi-dieux rejoignaient l’univers éthérique des esprits, afin d’y acquérir encore plus de sagesse et de connaissance.

Durant cette période de non-vie, les deux couples désignés par les divinités étaient logés au palais, et on attendait avec impatience que les jeunes femmes fussent enceintes. Quelques années plus tard, les deux mères mettaient au monde, à peu de jours d’intervalle, un garçon et une fille que l’on reconnaissait au trident, le signe sacré qu’ils portaient sur le corps, et à leurs yeux d’émeraude. Ces naissances quasi gémellaires donnaient lieu à des réjouissances grandioses.

Pendant les premières années, les enfants-Titans ne se différenciaient guère des autres. Puis, lorsqu’ils atteignaient l’âge de la formation, aux alentours de leur treizième année, ils subissaient, presque simultanément, une métamorphose qui leur permettait de retrouver la mémoire de leurs existences antérieures et leur nature divine. On organisait alors de nouvelles festivités. Les anciens corps momifiés étaient incinérés lors d’une cérémonie mystique. C’était la « résurrection », symbolisée par un oiseau fabuleux baptisé Phénix. On allait ensuite, en procession, jeter les cendres dans l’océan, dont la tradition disait que toute vie en était issue. Ce rite mystérieux remontait à la nuit des temps, mais le peuple s’en étonnait toujours, car aucun homme ne vivait assez longtemps pour y assister deux fois. Aussi, lorsque se produisait le phénomène, on ne pouvait que se fier aux récits des plus vieux, qui se souvenaient des festivités décrites par leurs ancêtres.

À l’origine de l’Atlantide, durant les premières « absences » des Titans, les peuples avaient tremblé, redoutant de ne plus bénéficier de la protection de leurs dieux. Les enfants que ceux-ci engendraient pendant leur vie ne possédaient jamais les formidables pouvoirs de leurs parents. Si certains portaient la marque sacrée et détenaient parfois quelque talent particulier comme la divination, ils ne pouvaient toutefois se comparer à leurs géniteurs.

Pourtant, à chaque fois, le miracle de la résurrection se reproduisait. Les Titans n’étaient pas des êtres comme les autres. D’ailleurs, on s’expliquait mal pourquoi ils choisissaient de mourir et de renaître ainsi, au lieu de demeurer à jamais immortels. Mais Astyan et Anéa savaient qu’ils ne pourraient jamais expliquer le processus complexe qui leur permettait de recouvrer la mémoire de leur passé.

Ainsi avaient-ils vécu plusieurs vies, dans des corps différents. Ces corps successifs, dont ils « habillaient » leurs âmes immortelles, n’étaient pour eux que des vêtements dont ils se débarrassaient lorsqu’ils étaient usés. Grâce à leur perception extraordinaire, leurs sens ultradéveloppés, leurs pouvoirs étranges, dont ils ne faisaient usage que pour défendre leurs peuples contre les caprices d’une nature farouche et sauvage, la vie avait pour eux une saveur différente de celle des mortels. L’amour qui les unissait se forgeait sur des souvenirs innombrables, s’étirant sur près de six mille années, des souvenirs qu’ils se plaisaient à évoquer lorsqu’ils étaient seuls. Jamais cet amour extraordinaire ne s’était démenti. Comme jamais ne s’étaient démentis ceux qui unissaient leurs frères Titans régnant sur les autres royaumes.

 

Sans se concerter, Astyan et Anéa arrêtèrent leurs chevaux pour contempler la Kaïrnâ. L’espace d’un instant, ils revécurent leur dernière « mort ». Ils avaient alors atteint l’âge respectable de cent soixante-dix-neuf ans, et leurs corps étaient arrivés au bout de leur résistance. Ils avaient pris place au sommet de la plate-forme, sur les deux tables de marbre qui la meublaient. Ils avaient joint leurs mains et s’étaient plongés par la concentration psychique dans l’univers de la « non-vie », cet espace sans limites où régnait une lumière fabuleusement belle, couleur d’azur et d’or, où tout n’était que plénitude et sérénité. Puis ils avaient rompu, dans un ultime effort de volonté, les attaches diaphanes qui enracinaient leurs corps astraux dans la matière. Ils avaient appris de leurs parents divins comment emprunter ces passerelles merveilleuses qui reliaient les différentes existences entre elles. Ces passages par la non-vie leur apportait à chaque fois un nouvel enrichissement, qui les menait peu à peu vers l’état de perfection.

Ils avaient conscience qu’un jour encore lointain, ils atteindraient celle des dieux qui les avaient engendrés, qu’ils s’affranchiraient du support de la vie matérielle, pour devenir à leur tour des entités capables de se fondre à l’Infini. Mais leur ascendance humaine faisait d’eux des êtres également vulnérables, parfois sujets à l’erreur. Était-ce cela qui inquiétait Anéa ? se demanda Astyan. Ils n’étaient pourtant âgés que d’une trentaine d’années. Il leur restait encore beaucoup de temps, et tant de choses à accomplir dans cette nouvelle existence.

La trente-troisième, s’il avait bonne mémoire.

Une fraction de seconde, une idée terrifiante l’envahit. Et si cette trente-troisième vie était la dernière ? Mais c’était absurde. Ils étaient invulnérables et immortels.

Et pourtant…

L'Archipel Du Soleil
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